À 77 ans, Loretta Patterson, de Spruce Grove en Alberta, ne semble pas vouloir cesser sa carrière de nageuse synchronisée. En 2017, aux Championnats mondiaux des maîtres de la FINA de Budapest, Loretta a remporté l’or chez les 70 à 79 ans pour son solo technique, l’argent pour le programme libre, et son duo avec Marjorie Anderson leur a valu l’argent pour le programme technique et l’or pour le programme libre.

Canada Aquatiques a voulu souligner son parcours en la désignant Athlète maître de l’année pour 2017. On peut lire dans les critères de sélection que le prix est décerné à un athlète qui a fait de son sport une histoire de vie, et qui continue de participer à des compétitions et à l’évolution du sport.

En apprenant la nouvelle, Loretta a été étonnée d’être récompensée pour une activité qu’elle adore! Elle a grandi à Edmonton, où elle a commencé très tôt les leçons de natation, de ballet et de piano. Lorsque Diane Black est arrivée de Vancouver pour créer un club de nage synchronisée, Loretta a trouvé un sport qui combinait sa passion pour la natation, la danse et la performance. En huitième année, à l’aube de l’adolescence, elle s’est jointe aux Aquadettes, qui s’entraînaient à la piscine Victoria Composite d’une école secondaire. Loretta raconte : « C’était le paradis! Mes journées d’école préférées étaient celles où je nageais. »

Environ deux années après la création du club, Loretta a pris le train avec ses coéquipières pour participer à sa première compétition, à Vancouver. Au début des années 1950, les compétitions incluaient un volet natation : les athlètes exécutaient des longueurs dans différents styles, et les juges se déplaçaient sur la plage pour noter leurs performances. Les styles exécutés étaient la godille tête première; l’hélice; la brasse; la brasse sur le dos et la nage sur le côté. S’ajoutaient ensuite les épreuves de figures imposées et de programme libre (les programmes techniques n’existaient pas encore).

La deuxième compétition dans laquelle Loretta a concouru se tenait à Montréal, et l’équipe a de nouveau fait un voyage en train de plusieurs jours depuis Edmonton. Elle se rappelle que le programme libre de l’équipe avait été inspiré par le thème du clown et du cirque. Les nageuses avaient collé une balle de pingpong sur leur pince-nez en guise de nez de clown, et elles pouvaient utiliser des accessoires sur la plage de la piscine.

Loretta a poursuivi la nage synchronisée jusqu’à l’université. Elle a reçu une petite bourse pour fréquenter l’Université de l’Alberta, où elle a étudié en éducation physique. Elle a continué de s’entraîner et elle participait à une compétition annuelle, à laquelle elle représentait l’Université.

Elle s’est ensuite mariée et elle a élevé une famille de trois filles et d’un garçon. Elle a mis la nage synchronisée de côté pendant une trentaine d’années, même si elle continuait de nager régulièrement. Elle se concentrait sur les longueurs plutôt que sur les mouvements de nage synchronisée durant les bains libres. Elle enseignait également au secondaire et au primaire.

Une fois ses enfants devenus grands, Loretta était à la mi-quarantaine et elle a réalisé que sa passion pour la nage synchronisée était toujours aussi forte. Elle s’est jointe au groupe d’adultes du YWCA d’Edmonton. Elle a dû réapprendre la technique de la godille, qui était complètement différente de celle qu’elle avait apprise dans les années 1950. Elle nage encore les lundis et les mercredis avec les Aquadettes, et les samedis avec les AquaMasters d’Edmonton.

Une fois devenue veuve, elle a enseigné pendant huit ans dans une école internationale de Beijing, en Chine, où vivaient sa fille et son gendre, et deux petits-enfants. Elle a alors mis sa carrière de synchro en jachère. Quand elle revenue au Canada, elle a repris sa vie de nageuse et s’est remise à parcourir la planète. La première compétition de maîtres à laquelle elle a participé se tenait à Sheffield, en Angleterre, et elle a également pris part aux Jeux panaméricains en Floride et à des compétitions à Montréal. Elle avoue allègrement que les voyages et la découverte de nouveaux pays l’enchantent.

Elle tient à remercier spécialement son entraîneuse, Meaghan Hipkin, pour sa patience d’ange et sa créativité. « J’ai parfois besoin d’un peu plus de temps pour apprendre un élément, mais Meaghan le découpe jusqu’à ce que je comprenne. » Loretta explique ce que lui apporte la pratique active de la nage synchronisée : « J’ai encore du plaisir. La synchro me garde en forme, elle me permet d’avoir plus d’énergie et je suis toujours plus joyeuse après avoir nagé. » Elle aime également l’aspect social du sport et les rencontres amicales avec des athlètes de tous les âges.

Loretta est convaincue que la pratique active de la nage synchronisée l’aide à rester en forme physiquement, mais mentalement aussi. « La mémorisation des enchaînements de mouvements et de figures me garde alerte. Je dois parfois recommencer souvent avant de bien assimiler une séquence. » Elle applique au sport la philosophie que la vie lui a enseignée : il existe plusieurs façons d’arriver à ses fins; on peut toujours recommencer si la première tentative n’est pas la bonne.

Elle a transmis son amour du sport à une troisième génération d’athlètes dans sa famille. Ses filles Anna-Lisa et Jennifer ont nagé pour le Canada et elles ont été entraînées par Leslie Sproule. La fille de Jennifer, Amy Parker, a été membre de l’Équipe nationale juniore, et Jennifer est maintenant entraîneuse au Club Aurora d’Edmonton.

Le seul conseil que Loretta peut nous donner est de rester en forme et de bien se nourrir pour avoir une meilleure qualité de vie. De toute évidence, elle suit son propre conseil et elle se réjouit en pensant qu’il lui reste de nombreuses années à savourer la nage synchronisée et les compétitions chez les maîtres.