Karine Thomas ne pouvait imaginer une meilleure façon de conclure sa carrière d’athlète qu’en nageant devant proches et amis, ici, au Canada dans le cadre des Championnats canadiens ouverts de 2017, à Toronto. Bien que l’Olympienne réfléchissait depuis un moment à quitter l’équipe nationale canadienne, et ce, après avoir mené une carrière compétitive de 10 ans, c’est à la fin des Championnats en mai dernier qu’elle a senti que le moment était venu pour elle de tirer sa révérence.
« Je ne savais pas réellement quand ça arriverait, mais c’est devenu évident pour moi que le moment était parfait pour me retirer, après avoir réussi de bonnes performances à la piscine du centre Pan Am, où j’ai vécu mes meilleurs moments sportifs », de dire Karine Thomas. « J’y ai réfléchi sérieusement, et ma décision n’a pas été prise sur un coup de tête. Mettre fin à une carrière de 10 ans n’est pas une mince affaire, et je me sens bien dans tout ça. C’est assurément la bonne chose à faire pour moi. »
Âgée de 28 ans et native de Gatineau, au Québec, Karine a découvert la nage synchronisée de la manière habituelle, soit en regardant les épreuves à la télé durant les Jeux olympiques. « Je me souviens très clairement des Jeux olympiques de 2000. Durant deux semaines consécutives, nous les avons regardés, et je suis tombée par hasard sur la couverture de la nage synchronisée. Ce que les nageuses avaient pu accomplir m’avait complètement abasourdie. À mon avis, c’était la chose la plus extraordinaire que je n’avais jamais vue de ma vie, et je voulais essayer ça. C’est ce que j’ai fait, et j’en suis devenue accro. »
Jeune enfant à Gatineau, Karine a commencé à pratiquer son sport en s’inscrivant à un petit club de nage synchronisée, Les Étoiles de mer, qui s’entraînait à l’École secondaire Mont-Bleu. À la suite d’un camp d’été auquel elle avait participé en 2003, elle décide qu’elle veut s’entraîner chez Montréal Synchro, et ce, à 200 kilomètres de chez elle. Elle dû alors convaincre ses parents de la laisser partir pour Montréal pour poursuivre son rêve alors qu’elle n’avait que 13 ans ! Aujourd’hui, elle avoue : « c’est l’une des meilleures décisions que j’ai prises pour ma carrière. »
C’est chez Montréal Synchro qu’elle a travaillé pour la première fois avec une entraîneure personnelle, Kasia Kulesza. « Elle m’a prise sous son aile, et elle a toujours été présente dans ma carrière d’une manière quelconque », explique Karine. « Je lui suis reconnaissante d’avoir cru en moi dès le début et de m’avoir aidée à bâtir ma confiance en moi. »
Karine reconnaît la contribution d’autres entraîneures qui ont influencé sa carrière, y compris Julia Warren, entraîneure junior, ainsi que l’ancienne entraîneure nationale, Julie Sauvé. Elle a remercié toutes les personnes « qui m’ont soutenu partout au pays ». Elle a notamment dit merci à Lyne Piché « qui est celle qui les a aidées à surmonter les épreuves (elle et Jacqueline Simoneau) durant les Jeux de Rio, et je suis très reconnaissante de sa contribution à ma carrière. »
Karine a aimé être dirigée par l’entraîneure-chef actuelle, Meng Chen, de l’équipe nationale sénior. Cette dernière lui a rendu hommage en soulignant son apport à l’équipe et au sport au Canada. « C’est vraiment remarquable qu’une nageuse ait fait partie d’une équipe nationale pendant plus de 10 ans. Karine a sincèrement été une athlète dévouée, qui s’est entraînée avec ardeur et qui faisait preuve d’un réel esprit d’équipe. Elle est la dernière nageuse issue de l’équipe olympique de 2012. Son expérience et son dévouement ont inspiré toutes les nouvelles nageuses. Nous savons que Karine connaîtra autant de succès dans ses projets, et nous lui exprimons nos meilleurs vœux. »
Karine, une athlète qui a participé à deux Jeux olympiques, a réalisé son rêve d’enfance, qu’elle caresse depuis qu’elle a regardé les Jeux olympiques de Sydney. Elle se souvient très bien du moment où elle a défilé durant les cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques d’été de 2012 à Londres. « J’en ai encore des frissons sur les bras quand j’y pense. À mes premiers Jeux, tout était surréel, car j’étais en train de vivre le rêve de ma vie. Peu de gens arrivent à vivre cette expérience. Ce fut tout un honneur pour moi de représenter l’un des MEILLEURS pays au monde et de vivre l’expérience olympique dans son ensemble », de dire Karine.
En 2012, l’équipe nationale a raté de peu le podium, en terminant en quatrième position à Londres. Quatre ans plus tard, en 2016, Karine a concouru en duo avec Jacqueline Simoneau durant les Jeux olympiques d’été de Rio de Janeiro, au Brésil. Les deux s’entraînaient ensemble depuis 2013, et ont terminé au 7e rang dans leur épreuve. L’expérience de Rio n’a pas été la même pour Karine, puisqu’elle et Jackie étaient les deux seules représentantes du Canada. « Jackie et moi ne pouvions compter que sur nous-mêmes et non sur toute l’équipe, ce qui était différent. Cependant, Jackie est très calme et ne s’énerve jamais. Elle a donc réussi à m’aider à rester ancrée et à affronter toute situation en mettant de côté les émotions. »
En réfléchissant aux quatre années qu’elle a passées en duo avec Jacqueline, une nageuse de huit ans sa cadette, Karine la décrit comme suit : « Elle est la petite sœur que je n’ai jamais eue, et je suis très, très reconnaissante qu’elle fasse partie de ma vie. »
Jacqueline abonde dans le même sens : « Si j’avais une sœur, je voudrais qu’elle soit comme Karine. C’est une personne géniale dans la piscine et à l’extérieur de celle-ci. Je suis contente d’avoir eu la chance de nager avec elle et de participer à mes premiers Jeux olympiques en sa compagnie. Au fil du temps, notre relation comme nageuses s’est approfondie et s’est transformée en une amitié unique et sincère que nos rires et nos pleurs ont solidifiée. J’espère conserver cette amitié pour toujours. »
Elle n’avait que des éloges pour sa partenaire : « Karine est un modèle pour les jeunes femmes canadiennes, et je suis convaincue qu’elle continuera de transmettre sa passion du sport et sa joie de vivre, peu importe où la vie la mènera. À toi, Karine, mon âme sœur, je te dis : “Canoe forever!” ».
À Toronto, Karine a vraiment aimé sa participation aux épreuves en équipe. « Le duo a représenté un grand défi, mais le programme en équipe a été pour moi très amusant. Ce fut l’une de mes nages préférées. On se nourrit de l’énergie des autres. » Elle a pris part, de manière impromptue, à l’épreuve en équipe au Toronto Pan Am Centre, en remplaçant l’une de ses coéquipières qui venait tout juste de se blesser. « Quelle chance encore pour moi. Je n’arrive pas à croire que j’ai réussi à faire ça. Je ne voulais pas faire d’erreurs, car je venais tout juste d’apprendre le programme. Mes merveilleuses coéquipières ont toutefois cru en moi, et le moment fut magique ! »
Elle croit également que les membres de l’équipe des Jeux de Londres en 2012 ont contribué à forger son caractère tant sur le plan personnel que sportif et l’ont guidé dans ses projets. « Ce groupe de filles a continué à suivre ma carrière et m’a encouragée tout au long de ma route. Je les respecte toutes. Ces filles ont vécu la transition de la “vie-après-le-sport” en douceur. Ce sont des êtres exceptionnels. »
Karine ne sait pas exactement ce que lui réserve l’avenir. Elle étudie en marketing à l’Université du Québec en Outaouais, et espère décrocher un emploi dans ce domaine. Elle souhaite à ses coéquipières nationales du succès aux Championnats mondiaux FINA, qui se tiendront en juillet prochain, à Budapest, en Hongrie.
« Ces filles avaient trimé dur depuis l’épreuve de qualification olympique. Elles s’étaient presque rendues à Rio, et je suis persuadée qu’elles amélioreront leur performance. C’est impressionnant tout le travail qu’elles ont abattu et toutes les heures qu’elles ont investies dans leur entraînement ! Je suis tellement fière de tout ce qu’elles ont accompli. Ce sont des athlètes et des êtres humains extraordinaires, et je leur souhaite la plus belle expérience cet été. Je sais qu’elles sauront tirer leur épingle du jeu ! »
Synchro Canada célébrera la carrière de Karine lors d’un événement dont les détails seront annoncés plus tard.