L’équipe canadienne utilise les analyses biomécaniques pour l’aider dans sa préparation aux Jeux olympiques d’été 2016 de Rio.
Les Championnats du monde 2015 de la FINA venaient à peine de se terminer, à Kazan, en Russie, que Meng Chen, entraîneure en chef de l’équipe canadienne de nage synchronisée, pensait déjà à la qualification en vue des Jeux olympiques d’été 2016 de Rio, au Brésil.
Son équipe ayant été exclue du podium, Mme Chen savait qu’elle devrait prendre des mesures énergiques pour faire passer les Canadiennes au niveau supérieur. Elle a donc élaboré un plan en trois étapes : analyser la compétition, concevoir une stratégie à partir des conclusions tirées et synthétiser toutes les principales leçons afin de créer de nouvelles routines.
« Analyser »
« Pour accéder au tableau des médailles, affirme Mme Chen, nous devons apprendre des meilleurs, découvrir ce que les équipes gagnantes font et le faire encore mieux. » Ils ont donc misé sur l’expertise des spécialistes en analyse de la performance qui collaborent avec l’équipe nationale canadienne pour examiner en profondeur toutes les routines des équipes s’étant classées devant elle. « Nous voulions connaître les pratiques exemplaires et nous en inspirer pour créer des routines technique et libre supérieures. »
Mickaël Begon, professeur agrégé en biomécanique à l’Université de Montréal, est l’expert de l’équipe en matière d’acrobatique et membre du groupe de travail sur la difficulté en nage synchronisée de la FINA. Fort de son expérience acquise au cours des 10 dernières années à titre d’entraîneur de gymnastique, M. Begon a aidé l’équipe à améliorer l’ensemble des aspects techniques de son programme en s’appuyant sur ses connaissances biomécaniques.
À l’aide d’un logiciel prototype d’analyse vidéo qui permet d’évaluer rapidement divers paramètres, M. Begon et l’équipe d’analyse de la performance ont étudié toutes les routines, ainsi que leurs composantes. Ils se sont penchés sur la difficulté des poussées acrobatiques, la hauteur des athlètes au moment où elles se propulsent hors de l’eau, le nombre d’éléments exécutés par les huit nageuses, en groupes de quatre ou deux par deux, le nombre d’erreurs de synchronisation mineures et majeures, le nombre de variations de formation, les transitions utilisées pour passer d’une formation à l’autre, le type de poussées acrobatiques, l’utilisation de l’espace, etc.
Certaines des conclusions se sont révélées surprenantes. Les routines de l’équipe canadienne pour 2015 avaient été créées en mettant l’accent sur une difficulté accrue. Par exemple, pendant 75 % de la durée de la routine libre, les huit nageuses se déplaçaient en formation synchronisée. Dans le cas des médaillées d’or, ce pourcentage baissait à 69 % et il était encore plus faible pour les autres médaillées. Cette découverte indiquait que les Canadiennes avaient peut-être visé une difficulté trop élevée à cet égard. Les nouvelles routines présentent une plus grande variété de formations ainsi que des transitions davantage créatives et intéressantes, ce qui devrait permettre à l’équipe d’améliorer ses résultats pour l’exécution, l’impression artistique et le niveau de difficulté.
« Concevoir une stratégie »
Munies de toutes ces données, les entraîneures de l’équipe canadienne, Meng Chen, Anastassia Goutseva, Miho Yoshida et Lyne Piché, ont adopté une approche collaborative et inclusive pour créer les routines technique et libre de 2016. Mme Chen avait une idée en tête, mais elle voulait que l’équipe participe au processus de développement. Les entraîneures ont présenté les conclusions de l’analyse de la performance aux athlètes, et elles ont travaillé avec le groupe de nageuses expérimentées pour créer un programme technique plus varié et intéressant, ainsi qu’un programme libre raffiné et dynamique. En plus de mettre en pratique l’information recueillie dans le cadre de l’analyse, Mme Chen tenait à ce que les programmes touchent la fibre émotive du public.
« Synthétiser »
Particulièrement pour la routine technique, la vision de Meng Chen était d’incarner des femmes fortes et puissantes, un reflet de la nature exigeante de la nage synchronisée. L’imagerie extra-terrestre s’est imposée tôt dans la planification, car la culture populaire confère à ces créatures des capacités surhumaines. Le choix de la musique mélangeant des variations uniques de divers artistes comme Nightwish, Dodge and Fuski, le Cirque du Soleil et Xandria a rapidement suivi.
La combinaison du placement des éléments, des poussées spectaculaires et du niveau accru de difficulté avec une exécution plus soignée a permis de dynamiser la routine. « Nous avons décidé de présenter aux juges un programme amélioré qui leur offre une image encore plus nette. Dans cette routine sous le thème des extra-terrestres, nous voulons vraiment démontrer les différents styles de chorégraphie que les Canadiennes peuvent réaliser – nous présentons plus d’un style, mais avec une signature canadienne traditionnelle. »
Ce programme sera dévoilé au monde entier lors du tournoi de qualification olympique en nage synchronisée de la FINA, qui se déroulera du 2 au 6 mars 2016, à Rio de Janeiro, au Brésil. Il convient parfaitement aux athlètes canadiennes qui possèdent la capacité physique et la compétence artistique pour intégrer les leçons tirées de la science sportive et incarner des jeunes femmes fortes dotées de super pouvoirs. L’équipe d’entraîneures est convaincue que cette routine impressionnera les juges et le public.