S’il est vrai que le Canada peut s’enorgueillir d’un passé glorieux pour ses duos de nageuses synchronisées, les athlètes qui représenteront l’équipe canadienne dans cette discipline aux Jeux olympiques d’été de 2016, à Rio, se distinguent par leur style unique.
S’étant qualifiées pour Rio à la suite d’une victoire décisive lors des Jeux panaméricains 2015, Jacqueline Simoneau, de Montréal, et Karine Thomas, de Gatineau, ont eu plus d’un an pour créer et peaufiner leurs routines olympiques. Avec l’aide de Meng Chen, entraîneure-chef de l’équipe canadienne, les deux nageuses ont poursuivi la tradition de routines mémorables, mais en ajoutant leur touche personnelle.
Ayant grandi dans le milieu de la nage synchronisée en Chine, Meng Chen combine sa connaissance de ce régime d’entraînement exigeant avec les techniques canadiennes émanant de la science du sport pour repousser les limites traditionnelles. Meng, Jacqueline et Karine ont bénéficié du soutien du personnel de l’Institut National du Sport du Québec à Montréal, incluant l’entraineur d’expérience Lyne Piché et le bio-mécanicien Mickael Begon, pour visionner les vidéos des meilleurs duos dans le monde, analyser leurs techniques et se mettre au défi d’atteindre le même standard d’excellence.
Chen a créé deux routines complètement différentes, car elle voulait montrer la polyvalence de ses athlètes. Elle a aussi rendu hommage à la réputation du Canada en nage synchronisée. « Les programmes créatifs, qui sortent du lot, font la renommée du Canada depuis toujours, affirme-t-elle. Nous sommes reconnues pour le caractère novateur de nos routines, et je voulais que notre duo, tout comme notre équipe nationale, continue à rehausser la barre. »
Les deux routines racontent une histoire, dans le but de capter l’attention du public. « Il est extrêmement difficile d’élaborer deux routines différentes, ayant chacune son style, sa trame, sa musique et son ambiance propres, tout en maintenant une qualité d’exécution et un niveau de difficulté aussi élevés, mais c’est également très gratifiant », ajoute-t-elle.
Le programme technique souligne la rapidité, la force et la puissance athlétique de la paire.
Au son de Breakout d’Erik Ekholm et de Race to the Line de Geoffrey J.P. Holroyde et Emre Ramazanoglu, il raconte l’histoire de deux créatures sylvestres mythiques, belles mais dangereuses, ayant reçu des pouvoirs spéciaux des dieux de l’Olympe. Au fil du récit de leur lutte pour survivre, les habiletés techniques des nageuses sont mises en évidence. Grâce à sa vitesse, le duo couvre toute la piscine, faisant même une longueur additionnelle dans sa chorégraphie. Les athlètes illustrent leur force et leur puissance dans la hauteur de leurs poussées acrobatiques et la stabilité de leurs positions verticales.
Le programme libre, à la fois raffiné et fort en émotion, mise aussi sur les habiletés techniques des nageuses, mais il présente un style totalement différent, qui marie danse classique et danse moderne dans l’eau.
Ce tango ensorcelant est exécuté sur la chanson Tore my Heart de l’artiste contemporaine OONA. On observe un lien aussi fort entre les nageuses et la musique qu’entre elles et le public.
Le programme libre expose l’intemporalité et les émotions conflictuelles liées à la passion, au doute, aux batailles intérieures, à la joie et à la frustration, et culmine en triomphe du cœur. La chorégraphie conjugue les éléments techniques complexes et la créativité canadienne pour faire de la magie aquatique. Les figures uniques sont en harmonie avec cette musique; elles renferment de nombreux angles et des poussées uniques, le tout réalisé de manière à couvrir la plus grande surface possible.
Cette routine exigeante comprend des mouvements difficiles : vrilles multiples, barracuda vrille et propulsion d’un bout à l’autre de la piscine sans pause. La chorégraphie suit le rythme de la musique pour explorer les thèmes choisis et inclut de la danse contemporaine dans les jeux de pieds. Elle présente aussi un bon équilibre entre le temps passé au-dessus de l’eau et celui passé la tête en bas. « Avec ce duo, les figures les plus difficiles deviennent élégantes et semblent si faciles à réaliser. C’est le résultat de leur entraînement, de leur persévérance et de leur travail acharné au cours des dernières années », explique Meng Chen, visiblement fière des deux athlètes.
Meng Chen n’a négligé aucun effort pour assurer la progression du duo.
« Nous comparons constamment notre chorégraphie aux routines des médaillées d’or, déclare-t-elle. Nous avons la certitude que notre programme est au point, compte tenu de tout le travail que nous avons accompli avec l’aide de nombreux experts. Nous visons ce degré d’excellence tous les jours à l’entraînement, afin d’être en mesure de le surpasser en compétition. »
La dernière fois qu’un duo de nageuses synchronisées canadiennes est monté sur un podium olympique, c’était il y a 24 ans. Trois duos ont déjà remporté une médaille dans cette discipline : Carolyn Waldo et Michelle Cameron-Coulter, l’or en 1988, à Séoul (Corée), Sharon Hambrook et Kelly Kryczka, l’argent en 1984, à Los Angeles (États-Unis) et Penny Vilagos et Vicky Vilagos, l’argent en 1992, à Barcelone (Espagne).
Après un bon accueil des programmes, présentés pour la première fois lors de l’Omnium Synchro America 2016 qui s’est tenu à Riverside, en Californie, Jacqueline Simoneau et Karine Thomas ont poursuivi leur entraînement préolympique en compagnie de Meng Chen et de leur équipe de soutien, à Boca Raton, en Floride. Elles ont apporté la touche finale aux deux routines qui, espèrent-elles, leur permettront d’inscrire leur nom sur la longue liste de duos émérites dans l’histoire de la nage synchronisée canadienne.
L’épreuve olympique de duo se mettra en branle à Rio le 14 août à compter de 10h HAE avec la présentation des préliminaires en programme libre.