Synchro Canada aux essais olympiques de nage synchronisée à Rio de Janeiro – première partie

Dans les sports où les athlètes courent contre la montre, comme la natation ou l’athlétisme, l’évolution du sport se fait au rythme des athlètes, toujours plus forts et plus rapides; des équipements améliorés sont adoptés, des records mondiaux sont battus et de nouveaux se hissent sur le podium. Mais qu’arrive-t-il lorsque les athlètes et les entraîneurs repoussent les limites d’un sport jugé au-delà de la capacité de son système de notation?

La nage synchronisée a évolué. Bien qu’il ait été modifié en 2013, l’actuel système de notation peine à valoriser les moments mémorables des routines, à rendre compte du niveau de difficulté en général et à refléter l’originalité des chorégraphies que les équipes intègrent désormais dans leurs programmes. De la même manière que d’autres sports ont eu à adapter leur système de notation, le temps est peut-être venu pour la nage synchronisée d’amorcer la démarche.

D’autres sports jugés ont récemment fait de grands progrès qui pourraient servir de guides à la nage synchronisée. En 2006, la gymnastique artistique a délaissé un système de notation qui associait un pointage de 10,0 à un programme parfait; le patinage artistique a fait de même en 2004, laissant tomber son système de note parfaite de 6,0. En abandonnant les systèmes de notation basés sur une note parfaite maximale, et en adoptant des systèmes sans limites, ces sports ont accordé une marge de manœuvre aux juges pour souligner à leur juste mesure les performances qui se distinguent. Ces deux disciplines, tout comme d’autres sports jugés (ski acrobatique, trampoline et plongeon), présentent différentes combinaisons de mouvement correspondant à des niveaux de difficulté définis, et des juges notent l’exécution de ces mouvements particuliers ou la performance dans son ensemble. Quel que soit le sport, les différents systèmes de notation ont été soumis à une évaluation, testés et adaptés au fil des ans selon les commentaires des athlètes, des entraîneurs, des officiels et des fédérations.

Au niveau international, le comité technique de la FINA pour la nage synchronisée, composé de 17 membres, est responsable de tout ce qui a trait à l’aspect technique de ce sport. Il a notamment pour mandat d’analyser les lacunes et d’étudier les propositions mises de l’avant par les fédérations membres pour les corriger. C’est à lui qu’il revient de voir quelles améliorations pourraient être apportées au système de notation afin que ce dernier puisse évoluer au même rythme que la discipline qu’il juge.

La Canadienne Lisa Schott, qui siège au comité technique, se montre enthousiaste à propos du travail de Synchro Canada et de l’aide que l’organisme apporte à la FINA, qui a déjà commencé à se pencher sur différentes façons de faire avancer le sport. « Nous croyons réellement que le moment est parfait pour procéder à des changements majeurs dans notre discipline. Et le Canada est en mesure d’y contribuer, en finançant la recherche qui fournira une solide base de données de références nous permettant d’évaluer nos besoins et de créer une méthode de notation encore plus efficace ». Lisa Schott 

Établie à Calgary, la bénévole de longue date et ancienne présidente de Synchro Canada explique comment la recherche peut servir le sport. « Nous avons pris l’argent du budget pour l’analyse de la performance afin de commander un rapport sur notre système de notation au département de l’analytique de l’Université de Carleton. Il semblerait que plusieurs estiment que le système de notation doit être modifié, mais nous n’avons pour l’instant aucune donnée fiable pour déterminer ce qui doit changer, ni comment le changer. Nous avons prévu de partager les résultats avec la FINA lorsque le rapport sera déposé, afin d’avoir des informations réellement fiables pour nous dire où ces changements doivent être faits. En fin de compte, nous croyons que ce processus aidera nos juges à mieux faire leur travail et que cela offrira à nos athlètes passionnés un système de notation mieux pensé comme ils le méritent si bien. »

L’étude a été inspirée par les travaux d’analyse de la performance réalisés par Synchro Canada, qui utilise une technologie sophistiquée pour évaluer les performances de l’équipe canadienne contre celles des meilleures équipes du monde. En se référant aux données de plus de 3000 simulations de compétitions, l’étude utilisera une méthode d’analyse statistique pour évaluer :

  • si l’application des principes de notation est constante d’une compétition à l’autre et d’un juge à l’autre;
  • si le système actuel est suffisamment protégé contre les biais de toutes sortes;
  • Si le système permet l’application des règles de la FINA.

Lisa Schott est impatiente de voir ce qu’indiquera l’analyse finale des données. « Nous avons les ressources et les compétences pour aider la FINA dans cette démarche et je suis certaine que les conclusions seront fiables et réellement utiles. Je suis persuadée que les rendre accessibles à nos fédérations membres donnera lieu à une multitude d’idées originales et inspirantes sur la manière de faire évoluer notre sport. Nous serions enchantés que les fédérations présentent des propositions pour un système de notation complètement nouveau pour voir à quoi cela pourrait mener. »

Mais la mise en œuvre d’un nouveau système de notation n’est pas le seul changement à l’horizon dans le monde de la nage synchronisée. Alors qu’elle compte maintenant environ une soixantaine de pays d’un peu partout sur la planète qui s’investissent dans cette discipline, la FINA souhaiterait mettre sur pied un circuit annuel de compétitions, comme cela se fait déjà en plongeon et en natation. Un circuit de la Coupe du monde, de pair avec les championnats mondiaux existants, alimenterait un système de classement international, ce qui mènerait à un nouveau système de qualification olympique qui pourrait être utilisé dès les Jeux olympiques d’été de 2020, à Tokyo. Le prochain congrès général de la FINA se tiendra en 2017; toute modification aux règlements devra y être soumise.

Comme le dit si bien Lisa Schott, « c’est une période intéressante pour ceux qui œuvrent dans notre sport. Pour ma part, je suis impatiente de voir ce que les prochaines années vont nous apporter. »